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Municipalité

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Allocution de Michel Lenoir
Président de l’association Agir pour le Patrimoine et la Connaissance
du 22 août 2015
1915 : LA TERRE PREND FEU.
1915 une nouvelle année qui commence ! Tout le monde se pose cette question : aurons-nous la paix tant désirée ? Hélas le canon toujours aussi sinistre, gronde dans le lointain en direction de Verdun. La guerre de mouvement s’essouffle. La course à la mer a été un échec. La guerre s’enlise, enracinée sur des terres où la végétation a disparu. L’enfer est partout. Avec la neige, la pluie le froid et en dehors car on ne vit pas enterré…les escarmouches sont nombreuses couvrant le sol de corps… La Meuse s’enflamme aux Eparges et sur la butte de Vauquois où des mines font des ravages. En Alsace « le Vieil Armand s’est déjà forgé une redoutable réputation et est devenu un enjeu stratégique majeur : « la montagne de la mort, la mangeuse d’hommes » sera surnommée plus tard le « Verdun Vosgien ».
La guerre d’usure commence. Le plan Schlieffen est un échec. Les allemands adoptent une attitude plus défensive et s’enfoncent dans le sol en creusant des tranchées et des ouvrages en béton.
Pendant cette année la guerre est de plus en plus totale. De la Meuse à la Russie, des Vosges à l’Italie, de la Champagne aux Dardanelles. Les combats continuent toujours plus meurtriers, plus effroyables jusqu’au bout de l’horreur, (Ypres, le paquebot Lusitania, le génocide arménien et les premières attaques au gaz,
Partout sur le champ de bataille on voit des figures grimaçantes, des cadavres décharnés que les obus déplacent, ensevelissent, découvrent à nouveau en les mutilants davantage. Par tous les temps, sous la pluie, la neige ou un soleil de plomb, nos soldats, les regards tournés vers le ciel, attendent la chute verticale du bolide. Quand ce n’est pas les ordres sans cesse répétés « en avant ! à l’attaque ! mettez vos masques à gaz. Nos soldats ont poussé la résistance au-delà des limites de la souffrance humaine.
Pendant ce temps, dans nos villages occupés, l’organisation germanique se met en place rapidement.
Nos communes sont coupées du reste de la France, elles sont de ce fait privées de toute information.
L’administration allemande installe des Kommandantures, qui ont comme principal interlocuteur les municipalités. Les maires et les instituteurs sont de pitoyables et systématiques souffres douleurs. Il s’agit pour l’occupant de s’imposer en vainqueur, en peuple supérieur, et de tirer le maximum du territoire conquis pour l’effort de guerre allemand.
Les réquisitions de toutes natures s’abattent sur tous nos malheureux villages. Ils prélèvent des quantités importantes de denrées alimentaires, farine, lard, vin, alcool etc. ainsi que des animaux bovins, porcs, volaille et chevaux pour l’armée et le fourrage et l’avoine servant à l’alimentation du bétail. A Fillières et Ville-au-Montois tous les noyers sont abattus, le bois devant servir à faire des crosses de fusils.
Le maire doit satisfaire les réquisitions de toute nature présentées par l’occupant en les répercutant sur la population. Il a également le triste privilège de prévenir les familles concernées de la fin tragique ou de la disparition d’un mari ou d’un fils. Pénible devoir dont il doit s’acquitter avec ménagement.
Les villageois supportent mal l’âpreté, la rapacité et l’extraordinaire minutie des pillages, des réquisitions, des perquisitions, des amendes collectives et personnelles, des contributions de guerre et des manipulations monétaires allemandes qui se mettent en place en 1915.
En février on commence à souffrir de la faim. Pour avoir plus de ressources pour eux, les allemands demandent le 11 mars, quelles sont les personnes qui désirent partir pour la France non occupée, tout en précisant que les indigents et les bouches inutiles doivent partir, mais que les hommes de 15 à 48 ans doivent rester pour travailler. On ne peut plus circuler de village en village sans un laisser-passer et il arrive même que pour aller labourer ou abattre des bois sur le territoire de la commune, il en faille un.
Du 16 au 22 avril, ont lieu de grands mouvements de troupes allemandes dans nos villages. A Fillières des hommes arrivent de la région de Noyon-Compiègne, ils paraissent être des débris de plusieurs régiments ; les numéros des voitures régimentaires sont effacées à la craie. A Mercy-le Haut, le maire ayant dit : « alors ça ne va pas pour vous ! » est frappé d’une amende de 100 marks, pour question indiscrète.
Sur la voie ferrée de Longuyon à Audun-le-Roman, c’est un va et vient incessant de trains bondés de soldats qui montent au front et de blessés qui repartent à l’arrière.
Le 14 mai des gens de Fillières et des villages voisins sont conduits à la gare d’Audun-le-Roman où ils seront évacués à travers l’Allemagne, La Suisse et la France sur Annemasse, où aura lieu la dislocation du convoi. Après tant de souffrances endurées, destruction de leur foyer, perte d’un être cher, les réfugiés se retrouvent dans une ville inconnue où le nombre logements est insuffisant trop petits ou sordides. Durant le même mois un comité de ravitaillement américain « Hoover « est formé. En septembre le Conseil Municipal fixe les conditions pécuniaires dans lesquelles les vivres fournis par ce Comité seront distribués à la population, et le maire est chargé de tenir au jour le jour la liste des villageois bénéficiaires des denrées alimentaires.
Pour couronner son oeuvre l’occupant impose à tous le travail forcé : femmes, vieillards, enfants à partir de 8 ans. Tous les matins les habitants doivent se trouver à 7 heures à l’entrée du village, pour effectuer les travaux des champs. Avant de labourer, il faut brûler les avoines et les blés qui n’ont pas été moissonnés en 1914. On raconte qu’il avait fallu 30 chevaux, 11 civils pour tenir les charrues, 5 hommes pour semer à la main. Les sillons étaient sinueux, et les travaux exécutés sans goût, avec un esprit de prisonnier ! Le français est traité en esclave. Tous sont astreints à de multiples corvées : enterrement des cadavres, lavage et raccommodage du linge allemand, récoltes des orties, entretien des routes etc.
Courant 1915, les autorités allemandes ont mis en place un système de camps, près de 300 en tout, n’hésitant pas à recourir à la dénutrition et au harcèlement psychologique et alliant l’enfermement à l’exploitation méthodique des prisonniers. Bon nombre d’hommes de nos villages y ont été déportés (Ohrdruf – Charpont – Mainbotel)
Au milieu de cette barbarie guerrière, les femmes subissent le conflit, parfois même au prix fort. Dans les zones occupées : les réquisitions, l’occupation, les destructions, l’exode, les exactions, autant de ravages qui touchent nombre d’entre elles.
Dans les zones à l’arrière, c’est la mobilisation des femmes qui s’installe dans tous les secteurs, pour adhérer à l’effort de guerre. Partout elles sont appelées, dans les campagnes, dans les usines, dans l’administration pour compenser les manques de la main d’oeuvre masculine. Elles répondent présentes notamment dans des oeuvres de charité, où leur rôle d’infirmière sera prépondérant.
L’année 2015 se termine dans l’angoisse du lendemain. Dans tous les foyers une seule interrogation : quand va se terminer cette maudite guerre !

 


Date de création : 10/04/2014 : 22:34
Dernière modification : 23/08/2015 : 16:39
Catégorie : - Commémoration
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