C’est la première fois que vous vous exprimez sur la décision des Départements de Moselle et Meurthe-et-Moselle de réaliser une caserne de pompiers unique à Villerupt. Ce choix vous satisfait-il ?
Alain CASONI : « C’est le choix de l’intelligence et de l’avenir. L’intelligence d’abord, car il s’agit d’un terrain disponible rapidement. Il est bien situé, dans le quartier Cantebonne, à proximité de la RD 27 (qui traverse Villerupt, N.D.L.R.). L’espace peut être de suite aménagé. Les réseaux d’eau, d’électricité sont accessibles à proximité. Ces terres appartiennent à la Ville, qui a déjà délibéré pour leur mise à disposition gracieuse au profit du Service départemental d’incendie et de secours de Meurthe-et-Moselle (Sdis 54). »
Vous dites que c’est également le « choix de l’avenir »
« L’enjeu, c’est l’importance du travail frontalier. Toutes les études indiquent qu’il va continuer à se développer. Autour de cette conviction, l’Établissement public d’aménagement Alzette-Belval porte plusieurs projets sur le territoire de la communauté de communes, en particulier à Villerupt : la ZAC de Cantebonne, 616 logements ; l’aménagement de la partie villeruptienne de Micheville, 900 logements ; etc. À partir de là, est-ce qu’on pense encore des projets structurants à l’échelle d’une ou deux communes ou même d’une intercommunalité ? Ou plutôt à celle de cette future agglomération transfrontalière ? Cette question peut bousculer les comportements. L a caserne ne couvrira pas seulement Villerupt, mais aussi d’autres communes meurthe-et-mosellanes, dans laquelle nos pompiers interviennent aujourd’hui : Thil, Fillières, Bréhain-la-Ville, Villers-la-Montagne, etc. On ne peut pas l’ignorer ! »
Vos collègues mosellans pourraient vous répondre que la caserne d’Audun-le-Tiche ne couvre pas seulement Audun-le-Tiche, qui se situe, elle aussi, à la frontière du Luxembourg
« Des communes mosellanes pourront être desservies depuis Cantebonne via la RN52 : Russange, Rédange
Vu leur implantation et avec l’axe de désenclavement qui traverse Micheville, les pompiers profiteront d’une jonction très rapide par Tiercelet. Et plus encore demain, grâce à la future liaison entre la RN52 et l’axe de désenclavement. A l’avenir, les pompiers luxembourgeois pourront aussi être mobilisés pour intervenir à Russange ou Rédange. Dans l’autre sens, les habitants des environs de Villerupt auraient été bien plus isolés. »
N’est-il pas plus facile pour vous de défendre ce choix, puisqu’il vous permettra de garder une caserne dans votre ville ?
« Peut-être
Évidemment, vous n’entendrez jamais un maire dire qu’il est content de perdre un service implanté dans sa commune ! Après, si on regarde la carte, le positionnement retenu est celui qui permet le mieux de prendre en compte les enjeux transfrontaliers, avec une population qui va encore augmenter. »
Contacté pour s’exprimer sur ce dossier, le Sdis 54 n’a pas souhaité commenter pour l’instant.
« Un point d’interrogation »
Début 2017, le maire de Villerupt annonçait la réalisation d’une nouvelle caserne de pompiers à Villerupt, mais à destination des communes meurthe-et-mosellanes dépendant déjà du centre de secours. Alain Casoni a-t-il retourné sa veste ? « Pas du tout. À l’époque, j’étais favorable à la localisation sur Cantebonne. Mais dans la réflexion du Sdis 54, il y avait déjà l’idée de pouvoir ajouter une extension pour donner, un jour, une dimension interdépartementale au centre. » L’an passé, l’élu soulignait la question des frais de fonctionnement. Par an, le centre de secours de Villerupt coûte « environ 100 000 €. » La caserne d’Audun-le-Tiche, « 500 000 à 600 000 € ». La différence ? La structure audunoise recense une dizaine de professionnels, quand sa voisine villeruptienne ne tourne qu’avec des volontaires. L’embauche de pros aurait fait exploser son budget. C’était la crainte. Qu’en est-il de cette hypothèse ? « Si on lie les effectifs mosellans et meurthe-et-mosellans, il n’y a pas forcément besoin de postes supplémentaires » Reste la question de la répartition des coûts. Demain, qui payera quoi ? « Je ne sais pas ce qui a été discuté par les deux présidents de Département, avoue le Alain Casoni. Ça reste un point d’interrogation. »