La sédentarisation des gens du voyage n’est pas la seule compétence que la communauté de communes de l’agglomération de Longwy (CCAL) entend adopter. À l’unanimité, les délégués se sont prononcés en faveur de trois autres nouvelles actions. À savoir : la prise en charge de la base de loisirs de la vallée de la Moulaine, la prévention de la délinquance à l’échelle du territoire intercommunal et la gestion des piscines de Longwy, Herserange et Longlaville.
Concernant l’ambition aquatique, le président Christian Ariès a rappelé que le débat était ouvert depuis juin 2012. Dans un premier temps, la priorité est d’assurer l’entretien et le fonctionnement des équipements existants. La volonté est également de prendre en charge « les frais d’accès aux piscines extérieures au territoire pour les communes ne pouvant pas envoyer leurs scolaires dans celles de l’agglomération. »
Sur le plan du personnel, le transfert de compétence concerne 26 agents (20 à Longwy, 4 à Herserange et 2 équivalents temps plein à Longlaville). Au registre des finances, la gestion des trois établissements représenterait, selon Christian Ariès, un coût annuel de l’ordre de 1,6 M€. « Si on déduit les recettes et le fonds de concours que nous avons déjà mis en place, il reste 800 à 900 000 € à trouver », détaille le président. Et de marteler : « Il est possible d’intégrer cette dépense sans augmentation de la fiscalité intercommunale. »
Si les conseils municipaux suivent, la CCAL sera également habilitée à réfléchir à la construction d’un éventuel équipement aquatique.
Dans l’agglomération de Longwy, le problème est connu. Plus de 200 caravanes de gens du voyage stationnent en permanence sur des terrains inappropriés. Voilà des années que ça dure. Des années que certains crient au loup pendant que d’autres font semblant de ne rien voir. Des années que d’autres encore assurent vouloir régler la question de l’accueil, tout en préférant trouver des solutions chez leurs voisins.
Le sujet est sensible. Jeudi soir, le conseil communautaire en a apporté la énième preuve. Président de la collectivité, Christian Ariès a officiellement demandé à son assemblée de l’autoriser à prendre la compétence « sédentarisation des gens du voyage ». But de la manœuvre : aménager six terrains familiaux dans autant de communes du territoire. Le tout en complément de deux aires d’accueil classique et d’une aire de grand passage.
En préambule, le patron de l’intercommunalité prend soin de revenir sur la définition d’un terrain familial. Au sein de ces espaces, les caravanes, en nombre restreint, restent les lieux principaux d’habitation. Elles sont installées à proximité d’une petite construction en dure abritant des sanitaires, voire une cuisine. En contrepartie, un loyer et des charges sont demandés aux occupants.
Toujours selon Christian Ariès, la solution terrains familiaux répondrait à une demande des gens du voyage. Au niveau de l’agglomération, « une enquête a démontré que 46 ménages sont prêts à s’engager dans cette démarche », souligne le porteur du projet.
Dans la salle, Cédric Aceti est le premier à réagir. Le maire de Cosnes-et-Romain n’hésite pas à parler d’hypocrisie. L’élu insiste sur le fait que « nos populations ne sont pas favorables », dénonce un projet qui va contribuer à créer « des habitats inesthétiques » et pointe « un financement approximatif ». Au passage, l’opposant joue sur la corde sensible en évoquant les « 100 000 m³ d’eau impayés » résultant des branchements sauvages sur le territoire. « 100 000 m³, c’est la consommation de la commune de Cosnes ! » Pour sa part, Cédric Aceti est favorable à une « solution moins coûteuse pour la collectivité : réaliser des aménagements paysa gers sur le parc central ». Soit autour du principal campement illégal des gens du voyage. Une position partagée par Édouard Jacque, ancien maire de Longwy.
Christian Ariès ne l’entend pas de cette oreille. « Ce n’est pas en mettant des arbres que l’on va régler le problème ! En plus de l’aspect humain, il y a une dimension économique à prendre en compte. Si je veux vendre des terrains pour permettre le développement d’activités, notamment au parc central, il faut les valoriser. »
Maire de Mont-Saint-Martin, Serge De Carli est sur la même longueur d’ondes que son président : « Il ne faut pas tourner la tête ! On est tous dans le même bateau. Rien ne se passera sur le plan économique si cette question n’est pas réglée. Au passage, je rappelle aussi que les gens du voyage sont des citoyens français. »
Dans la foulée, le président remet les pendules à l’heure sur le volet financier : « Il est question de 1,5 M € pour les 3 aires et les 6 terrains familiaux. Pas de 4,5 M € ! Et rien ne se fera si nous ne bénéficions pas des aides du conseil général et de l’État. »
Sous l’impulsion de Cédric Aceti et d’Édouard Jacque, le débat se déplace sur la situation des 6 fameux terrains. Mont-Saint-Martin répond aussitôt à l’appel. Pour Longlaville, Jean-Marc Duriez en fait de même : « Il n’est pas question de se défausser ! » Aucun autre délégué ne lève le doigt
À l’heure du vote, certains comme Jacques Claeys sont embarrassés. Le maire de Gorcy explique que son conseil est contre le projet, mais qu’en sa qualité de vice-président de la CCAL en charge du développement économique, il devrait voter pour. Au final, Gorcy s’abstiendra. Neuf délégués iront plus loin en s’opposant clairement à la prise de compétence.
La balle est maintenant dans le camp des 21 conseils municipaux concernés. Tous ont la possibilité de tuer le projet dans l’œuf ou de le porter.